COLPORTEUR
TU VIENS DE LOIN
Toi qui es né sous d’autres astres
- Intactes neiges transalpines-
Qui voles et nages quand ils marchent
Tu prospectes l’or de leurs mines
Toi qui as parcouru le monde
Elucidé tant de mystères
-Certains affirment qu’ elle est ronde-
Toi qui as changé d’ hémisphère
Tu viens de loin, je suis heureux de te voir
J’ absorbe tes paroles comme un pouvoir
Toi qui as vaincu la démence
Laissé pour mort trois fois vivant
Toi qui t’ es tu pour le silence
Et dans les vents assourdissants
Toi qui as fui devant Hérode
Toi qui peuplas l’Abyssinie
Que la vigueur du temps érode
Toi qui as bu de l’eau de pluie
Tu viens de loin, je suis heureux de te voir
J’ absorbe tes paroles comme un pouvoir
Griot fébrile au coeur léger
Que j’ai quitté bien avant l’aube
Les goélands t’auront touché
Reconnaissant l’aéronaute
Qu’ ils croient le monde surhumain
Ou qu’ ils s’ enferment à double-tour
Tu prends du sable dans tes mains
Et tu transpires avec amour
Tu viens de loin, je suis heureux de te voir
J’ absorbe tes paroles comme un pouvoir
Toi qui as semé la discorde
Parmi les tiens un soir d’ été
A tes ennemis tu accordes
Ton rire et ta sérénité
Toi qui es parti sans rien dire
Quand ils ont voulu un coupable
Dont nul n’a plus le souvenir
Tu es revenu dans les fables
Tu viens de loin, je suis heureux de te voir
J’ absorbe tes paroles comme un pouvoir
PASSE-MOI LE CLYSTERE !
Trop de tourments, trop d’amertume
Trop de pépins dans les agrumes
Trop de talents que l’on exhume...
Au firmament tant d’infortune!
Trop d’arguments, tu te consumes,
Ton égo ment...
Consulte les runes!
Dans nos manoirs, tant de manières
Si peu d’espoir dans les chaumières!
Trop de cimetières tentaculaires
Pour nos mémoires lacunaires!
(Et beaucoup trop de gens sur la terre?)
Sers-nous à boire, passe-moi l’clystère...
Et si t’as des suées...
Consulte une sorcière!
Trop de promesses, peu de justice!
Prométhéenne?... De Profundis
Trop de sans-gêne dans les coulisses
Peu d’indigènes au box-office!
Troupeau d’aliens plein d’avarice
Si t’as un problème
Consulte les auspices!
LE CHANT DE L’ALOUETTE
Voici le feu dans la paillette
A l’osselet de ma main vive
Quand elle dompte le soleil
Et puis le brusque éternuement
Voici le chant de l’alouette!
Regarde en bas sous les souliers
Ton coeur qui bat!
Cependant Bel Envers du Monde
Vont de rêves blêmes des pensant
Regarde-toi profond dément!
Envie les moments de la vie
Adolescents!
Les vents violents,
Le jour qui lève et la nuit-tombe.
Les pierres aimées résonneront;
J’envie la pluie!
C’est là la seule issue possible
À nos si las anonymats.
Brûlons de sueurs digitales
Le teint cireux de nos plaisirs!
Voici le temps des premiers jours!...
Descendez sans bruit des nuages...
Insinuez-vous au creux des songes,
Envoûtez-nous!
Comme nous Vous aimions quand Vous
Descendiez danser dans nos feux!...
Descendez danser dans nos feux!
Artificiers imaginaires
Animez-nous!
Volez nos pesantes pensées!
Qu’ elles se lovent, comme des coques,
Au creux des vagues!...
J’ AI PAS PEUR DU NOIR
J’ ai pas peur du noir
Je suis un peu plus malheureux
C’ est tout
Je veux bien retourner au fond du trou
Puis remonter vos petits cailloux
Les voir briller
A peine réveillés
Puis vous donner à pleines mains
J’ ai pas peur du noir
Je suis un peu plus malheureux
C’ est tout
Je sais que vous n’y voyez pas
Au fond du trou
Je vous dirai tout
Je ne cacherai pas
Sinon dans mon dos
Voilà les mains qui cassent les cailloux
Et qui caressent les oiseaux
Pour vous
Les oiseaux qui vont mourir
Au premier coup de grisou
J’ ai pas peur du noir
Mais au cas où
Je vais te faire l’amour
Tout le jour
“ LOIN DES OISEAUX “
Les oiseaux sont des croix comme autant de remords
Trop hauts!
Le taureau mord le sable chaud: voilà mon sang!
Dis- moi!
Pourquoi l’avion est incapable de chants nuptiaux?
Vienne le temps où nous étions des animaux!
Aime bien ces instants
Si beaux
Mon Amour!
Qu’ aussitôt nous perdons...
Pour toujours!
Les pierres sont des poids dans nos mémoires de conquistadors.
Elles gardent le tombeau des illusions d’ Icare.
Pourtant elles pavent nos fourrures et nos aéroports....
Et furent, bien avant, des pans de météores.
Aime bien ces instants
Si beaux
Mon Amour!
Qu’ aussitôt nous perdons...
Pour toujours!
Aucun instantané n’a trouvé ton regard...
Et le monde est encore frémissant de désirs.
Aucun instantané n’a gardé ton amour...
Puisqu’il est infini comme le tour de la Terre!
Aime bien ces instants
Si beaux
Mon Amour!
Qu’aussitôt nous perdons
Bon sang
Pour toujours!
CHINEESE NOODLES
Why? Why? Why?
Why is the sky so blue today
as blue as a blue lagoon
Why is the sun so shiny
Bright sunny day why
Why? Why? Why?
Each day there it comes?
Je te dirai pas!
Why? Why? Why?
Why is the storm so strong at night
As strong as the grey mountain
Violent lights are falling why
Big fires make all the clouds
And where, where, where
Where does the wind go?
Je te dirai pas!
Why? Why? Why?
Why is the sky so dark tonight
As dark as a deep ocean
Why iggledy-piggledy stars
World’s worse army why
And who, who, who
Who switched them off again?
Je te dirai pas!
Hat, shoes, lipstick!
Chineese noodles!
HA! LA BELLE USINE!
Dans la prairie verte, parmi les violettes,
Nouvel hymne pompier à la logique universelle,
Quel est ce mammifère polychrome,
Orné d’organes monumentaux?
Quelle est cette fleur merveilleuse?
Couché sur son ventre de gros ruminant
Glou-glous , borborygmes, il déglutit lentement
Comme un Gulliver en fibre de verre,
Des câbles d’acier retiennent ligotées
Ses longues cheminées sulfureuses.
Est-ce une mosquée?
Voire la Kaaba?
Une cathédrale?
Un radieux stupa?
Bien mieux que tout cela!
C’est une belle usine!
Gros iguanodon!
Ha! La belle usine!
Qu’y fabrique-t-on?
Au petit matin, des camions jaune et blanc
Klaxonnent aux portes du palais cosmique
Qui engloutit tout, des tonnes de matière
Première et puis ronronne, il est content
D’être une jeune et belle mécanique!
Déesse que l’on enduit d’huiles Motul
En récitant un chapelet de calculs.
“Admirable et charmeuse fleur vénéneuse”
Quelle main jettera dans tes grands rouages
Le sable qui stoppera tes ravages?!
Est-ce une mosquée?
Voire la Kaaba?
Une cathédrale?
Un radieux stupa?
Elevé à la vanité
Elevé à la charité
Elevé à la vacuité
De votre bonne volonté!
Bien mieux que tout cela!
C’est une belle usine!
Gros iguanodon!
Ha! La belle usine!
Qu’y fabrique-t-on?
Des instruments de persuasion
Qui dérégleront les saisons!
Systématiquement...
Comme en son temps l’Inquisition!
“Ouvriers dévoués ou dévots!
Même combat: combat par défaut!
Vous allez à l’usine comme vous alliez à l’église,
Par habitude!
Mendiant une béatitude!”
Mais, nous deux, mon ange
Loin de leurs sermons liturgiques
Loin du challenge technologique:
L’extase séraphique on la trouve aussi bien
Contre un stylobate gothique
Que contre un mur de parpaings!
CHANT LUNAIRE
Par les vastes champs de la lune il y a
Des filles légères qui courent,
Des fleurs et des petits amours,
Dans les cheveux;
Dans leurs yeux clairs,
Des perles marines et le chant des oiseaux,
Voire celui des baleines lointaines...
Au poignet, un fil qui ne rompt
Qu'au frôlement du papillon,
Jamais à la brûlure du temps.
À la cheville, enfin, farouche et turbulente,
Trois minuscules boules d'argent
Tintent comme un coeur scrupuleux.
Sur le sol de la lune, on les voit, une à une
Semant le milliard de cailloux qui dessinent
Sa courbe enfantine.
D'ici-bas - de si loin, de si bas ! -
Cela ressemble à un printemps :
Un printemps cru comme une laitue;
Même en hiver où tout est à l'envers...
On est tenté, on tend le cou, on crie très fort !
Seul dans la nuit répond l'écho :
" Le fond des mers est le reflet des champs lunaires ! "
... Allons bâtir un bathyscaphe !
Par les longues plages immergées,
Accompagnant les poissons rares, vous nagez
Ensorceleuses...
Sans vertige ni drame;
Riant aux naufrages provoqués,
Vous devinez dans le regard du poisson-lune
La vie d'en haut :
Ni bulles, ni coraux, ni requins-marteau !...
... Mais l'impulsion curieuse
De l'envol ou du plongeon,
Le perpétuel et périlleux désir
De l'abandon.
L’EXPLORATEUR (ET LES MOUSTIQUES)
L’alcool...
On se brûle la panse, à la fois les pensées
À l’ombre des palmiers qui ploient valsent dansent et
S’ébrouent lancinement aux vents têtus de l’Est...
Des femmes maquillées, obliques dans leurs gestes
Suintent des parfums gras, d’humides convoitises,
Armées de faux-semblants, ancestrales insoumises!
A genoux viennent et vont leurs candeurs polyglottes;
La douceur de leur rite abolit l’océan...
...Et le linge fin d’Occident. Des perles roulent...
Au brasier paresseux notre amour s’évapore:
Fumée d’encens bleu cyan asphyxiant les vieux singes.
Un nuage fantôme sue d’errances forcées.
Prend- garde à ton fétiche explorateur borné!
Les couleurs hallucinent, les méninges somnolent
Méfie-toi des beautés de la jungle- corolle!
“Que nos aînées lubriques quittent ton hamac!
Hoquetantes du lait de ton ultime attaque.
Nous irons parsemer de pirons ton corps nu,
A l’ombre des palmiers qui ploient valsent dansent et,
Nous, frivoles armées, te piquerons le cul,
A l’hallali de nos trompettes élancées!”
“Dors! Dors! Ta course folle,élan court-circuité
Vient s’achever en coulant dans l’obscurité...
Tes fleuves chauds tourbillonnaires se précipitent
Dans nos deltas brûlants, nos foyers endémiques...
Voie comme tu respires! Tu rêves d’infirmières
T’inoculant l’amour des fièvres éphémères...”
Prend-garde à ton fétiche explorateur borné!
Les couleurs hallucinent, les méninges somnolent
Méfie-toi des beautés de la jungle-corolle!
MENAGE A TROIS
When she’s freaky
I become freaky
The dog is freaky too.
Walking downtown
I’m her’s, she’s mine
The dog is happy too.
They all look at
your ugly hat
Doggy moves his tail.
Say: “I love you”
I say it too
The dog likes it, he barks!
Wouf! Wouf!
When she’s hungry
I’m hungry
The dog is hungry too.
“Cheese or chicken?”
I prefer chips
Dog prefers it too.
Have you got change?
No, I have not
Dog’s got some, he pays.
Say: “I’ll eat you!”
I say it too
The dog likes it, he barks!
Waww! Wouarff!
APPARTEMENTS
Je n’ai pas de maison,pas de toit, pas de porte
Les fenêtres s’allument dans les soirs de décembre
Et ces enluminures qui me réconfortent
Donnent un peu de chaleur aux murs de ma chambre.
Je vois dans les appartements
Mes pin-up qui bougent tout l’temps
Elles passent l’aspirateur...
Pour mon plus grand bonheur.
La nuit mes regards indiscrets
Scrutent vos bulles suspendues
Frêles images sous un léger
Rideau de tulle, on vous a vu!
Que faisiez -vous après dix heures?
Je suis dans vos appartements
Pas à pas vos cheminements
Les yeux clos luxueux dédale
Je me perds dans tes arrières-salles.
Allumez vos téléviseurs!
Quel est le comble de l’impudeur?
Mater le trou-du-cul du monde ,
Ou bien celui d’une femme du monde?
Que faisiez- vous après dix heures ?
Je vis dans vos appartements
Malgré ces jolis paravents
Qui étouffent les cris dehors
Des gens qui parlent ou pleurent trop fort!
Je hante vos appartements
Comme un vampire, comme une transe...
Avez-vous une griffe, une dent
Contre votre propre conscience?
Je hante vos appartements
Comme un vampire, comme une transe...
Avez-vous jamais porté plainte
Contre votre propre conscience?...
PANNE DE SECTEUR
Je m’ en vais mettre de l’ordre à tout çà
Avec mon grand nez
Tous les animaux sont avec moi
Avec leur grand nez
On s’est regroupé entre bestioles
Contre les carrés
Rejoignez notre légion folle!
Sus aux carrés!
Elle ne fait pas de bruit avec ses casseroles
Elle prend un bain couverte de bijoux factices
Le soir elle se compare à une grande actrice
Distille des ambiances en bombe aérosol
Mets la télé pour savoir où tu es!
Mets la radio pour sauver ta peau!
Ton radio- réveil est-il toujours à l’heure?
Tu vis chrono en main tes échappées frivoles
Tu prépares à ton homme des cocktails sans alcool
L’ Enfer, c’est pour ta pomme!
Vive la panne de secteur!
Il fait peur à sa mère quand il gesticule
Il aime la guerre et déteste les arts
De son bunker il tire sur des chars
Il a moins de cervelle qu’ un tubercule!
Mets la télé pour savoir où tu es!
Mets la radio pour sauver ta peau!
Ton radio- réveil est-il toujours à l’ heure?
Ton chien n’a pas de nom il porte un matricule
Tu prends même ta femme pour un cheval à bascule!
L’ Enfer, c’est pour ta pomme!
Vive la panne de secteur!