ÉCOBICHE
ÉCOBICHE
CHAQUE JOUR PERDU
Il pleut contre la lucarne
Dehors, la route sans doute est trempée, détrempée
Déjà le paysage brouillé, embrouillé.
On entend aboyer le chien...
Quelqu’un est passé; quelqu’un a dû passer...
Dans la chambre, sous les toits
Barque renversée
Aux solives vernissées
...Je laisse passer la chance
La tête dans les mains
Comme un condamné
Enchaîné, oublié; le sommeil
...Pour délivrance
L’esprit ne souffle pas
Les mots ne tiennent pas
Architectures de sable
...Péripéties de cendres
Cette porte est un ordre, une peine
Rester assis à regarder
La poignée de porcelaine
...Polie comme un oeuf
Chaque jour perdu est un drame irrésolu
Ö que d’amours perdues!
Jour après jour, heure après heure
Il se trame
Un tissu de velours
...Un tissu de regrets
L’éclat d’une bougie
Perce la pupille
Du poète qui veut savoir
...Mais se réveille dans le noir
Il semble
Que quelque chose nous retienne
Que cette chambre
... Soit une antichambre
Ö, attendre, attendre que les pensées s’assemblent!
Revienne le bleu du ciel!
Sur la vitre froide
...Le papillon tremble
CITY LIGHT
Welcome, City Light!
Let’s have a lonely pretty night!
Spending a wild time in the folds of your lie.
We will run until the day comes through
Until I fall in a deep sleep with you...
Ô please, turn away when I cry babe...
When I surrender, close your eyes
Close your eyes...
Welcome, City Light!
Let’s have a child tonight!
Let’s make love despite cold and rain!
We’ll get lost, we’ll hide from dawn and pain
Until I steal into your ardent breath...
Ô please, turn away when I fail babe...
When I surrender, close your eyes
Close your eyes...
Welcome, City Light!
Let’s plan a sophisticated ride!
Through oppened minds, through neon signs:
Celestial drawings for my cosmic trip!
See my glittering wings over your crimson trap!
Ô please, turn away when I fall babe...
When I surrender, close your eyes
Close your eyes...
FRAGILE
Embarrassé
Je suis
On m'a confié
Un petit oiseau
Magnifique et ridicule
Une bestiole fragile
Que mange-t-il ?
Quand dort-il ?
Lorsque je le prend
Au creux des mains...
Il ne faut pas serrer
Il pourrait crever
Il ne faut pas lâcher
Il pourrait s'échapper !
Oui ce petit oiseau
Est mon prisonnier
Tantôt joyeux
Comme une fillette
Tantôt frileux
Comme les vieux
Matin d'hiver
Et soir fêté
Mystérieux et hystérique
I'n' faut pas serrer
Il pourrait crever
i'n' faut pas lâcher
Il pourrait s'envoler !
I faudrait pas non plus
Lui couper les ailes...
Quand je laisse aller
Quand la nuit je dors
Cà lui fait l'effet
D'un aphrodisiaque
Il doit planer là-haut
Aux frontières du réel...
Mais il revient toujours
A l'aube élégiaque
Il est toute ma vie
Ce bestiau qui palpite
Bête et magnifique
Cet oiseau c'est MA VIE.
I n' faut pas serrer
I pourrait crever
i n' faut pas lâcher
i pourrait s'envoler !
JEUNETTE
Tes quilles de lapin
Jeunette
Font trembler ma main
D’esthète
Tes lèvres angéliques
Boudent
Ma fièvre purpurine
D’août
Soyeuse effarouchée
Belette
Au fond de ton clapier
Proprette
Tes miches, Elisabeth
Pointent
Dessous ta salopette
Sainte
Tes yeux veulent jouer
C’est tout
Ta main va me toucher
Au bout.
LA VIE EN FUITE
Le jour se lève et tout commence
Dans la rumeur particulière
De la feuillée que l'on traverse
Qui donc agite mon sommeil?
Un matin, épuisé
Je me laisserai prendre...
Et reverrai, ô jour funeste!
Les jardins calmes où je suis né
Debout! Il faut que je m'en aille
C'est l'heure, encore, contre mon gré
L'heure brutale et insolente...
Le corps rompu, endolori
Doit bien poursuivre son chemin
Car le cavalier de minuit
N'est plus très loin...
La route est longue et malaisée
La forêt profonde et la pluie
N'a pas un goût civilisé
Mais l'amertume de l'exil
Les animaux font demi-tour
Devant ce que je ne suis plus
Les enfants et les hommes pour
Ce que je ne suis pas encore
Un revolver et quelques gouttes
De pétrole sur ma chemise
Je crache sur nos amours mortes
La terre brûlée pour entreprise
Le mal n'est pas si romantique
J'aimais ton cul, j'aimais ton rire
La vie brutale et extatique
La vie en fuite...
Il faut sauver sa peau !
La nuit déjà et pas un ange
La nuit descend sur le village
Je revois ma main sur tes hanches
Ton oeil inquiet me dévisage
Nous fûmes heureux un instant
Juste à portée du bonheur fou
... Le toucher abolit le temps
Je revois ma main sur ton cou...
D'après l'affiche j'ai tué quelqu'un
Oui! Mais depuis je suis un autre
Et puis vous... là! Par omission
Paresse ou électrocution ?!...
Ce n'est pas moi qui jugerai
Je dois reprendre le chemin
Courir de jour courir de nuit
Car le cavalier de minuit
N'est plus très loin...
Il faut sauver sa peau !
LE FEU
Il faisait beau Il faisait chaud J'avais le temps J'avais l'espace Et l'ennui J'ai craqué D'un geste enfantin
Dans mon joli jardin Au-dessus des herbes sèches Une allumette Je la revois tomber au ralenti...
Des flammes bleues Dans la broussaille Un cercle noir Dans le soleil De midi Le feu! Le feu a grandi
Agrandissant le cercle à l'infini Le feu m'a supplié Et je lui ai donné Le feu a pris le beau noyer Qui n'a rien fait
Pour se soustraire à la voracité du feu Le feu a embrasé devant mes yeux Le jardin tout entier...
Une bête a crié Le bois d'hiver Brûle brûle Parfums de cèdre et de fumées Enflamme la bicoque! En flammes
le cloaque! Le voisin s'est écroulé A genoux dans une flaque Le feu a pris sa femme Et son enfant surdoué...
Et puis le feu Vers la forêt s'est avancé Se nourrissant d'herbe de fleurs D'animaux blessés
Le feu a bu le ruisseau Noirci les pierres immobiles Des oiseaux se sont tus Une rivière a cessé de couler
Les oiseaux sont tombés Des arbres dociles Forêt de flammes dressées! Forêt de flammes sans coeur!
L'oeil noir et douloureux du feu Traversant la plaine en sueur S'est tourné vers la ville La ville est loin
Mais le feu rapide Et fond et croît et mange le chemin Et convertit ses proies En flammes jeunes et cupides...
Ah! Voici le feu Aux portes de la ville! Et la ville argentée S'est rendue sans défense Elle s'est donnée
Aux flammes en souffrance Les habitants ont suivi les animaux Dans l'immense incendie Et puis le feu a pris la route
Qui mène aux autres routes Aux autres villes Explosent les usines! Fondent les automobiles! Asphyxiés les pilotes
Les architectes patriotes Seule la garde républicaine N'a pas bougé devant les flammes Criminelles Les beaux
Messieurs De Bruxelles Les Demoiselles D'Avignon Brûlent Comme le square où nous rêvions...
Le feu dans son étau A pris les raffineries Les pipelines Serpents de feu Intercontinentaux Incandescentes mèches
Rallie les forges les hauts-fourneaux! Assèche les lacs les fleuves les chutes d'eau! Le feu grandi a pris
La montagne imprenable Léchant le flanc des vieux volcans Puis s'est jeté sur l'océan Je l'ai regardé fasciné
Embraser les nuées Et les poissons de l'océan Embrasser les étendues glacées Et le désert de sable Le feu
Je l'ai vu je l'ai vu Enflammer les nuages Les nuages du ciel Je l'ai vu fasciné Je l'ai entendu Embraser le monde...
Et puis s'éloigner Quand tout se termine Quand la fumée se dissipe Je vois que je suis seul Penché sur l'horizon
Dans mon cercle de cendres Seul au monde... Je ne recommencerai plus.
NUITS BLANCHES
Tant de nuits blanches
Aux rêves noirs
Hauts sur la branche
Ces fruits noirs !
Ô, je redoute
Quand tu dors
D’inévitables
Corps à corps
Deux yeux étranges
Demandent à voir
Dans ton cœur d’ange
L’ombre des soirs
Tant de nuits blanches
Aux rêves noirs
Hauts sur la branche
Ces fruits noirs !
Je te désire
Quand tu m’échappes
Quand je t’attrape
Il faut partir !
Flashez faïences
Aux lignes pures !
A l’onde affreuse
Un peu d’azur !
Tant de nuits blanches
Aux rêves noirs
Hauts sur la branche
Ces fruits noirs !
Crache colombe
Aux néons tristes
Tes cauchemars
D’apocalypses !
Au bleu du ciel
Boisson exquise
J’ajouterai
Une cerise.
OÙ ESPÈRES-TU ALLER ?
Où espères-tu aller
À cette heure?
Il n'y a rien d'ouvert
Que mon coeur!
Au café d'en face
Retrouver tes semblables
Qui parlent de la mer
En versant une larme?
À la gare Saint-Lazare
Pour une renaissance
Une fuite au hasard
Du bocage d'enfance?
À travers la nuit
Pleine de... réverbères
D'amants assoupis
De ténèbres puériles
À Bagdad
Où les pierres sont en pierre
Les palais sans secrets
Les princesses en péril...
Où espères-tu aller
À cette heure?
Il n'y a rien d'ouvert
Que mon coeur!
À la cathédrale
Contempler sans bouger
L' infini sidéral...
Aux vitraux fêlés
Dans la lune
Qui ne ment plus
Ou si peu, ou si mal...
Depuis qu'elle est tombée de cheval...
Où espères-tu aller
À cette heure?
Il n'y a rien d'ouvert
Que mon coeur!
À quelle étreinte amère
T'abandonnerais-tu?
À l'aube ou à l'hiver
Pour un chagrin de plus?
POUPÉE
Poupée lascive, amour que mes assauts éreintent
Devant un grand miroir rempli d'obscénités
Souviens-toi demain qu'il y a dans l'étreinte
-Accomplie sans détour- toute l'éternité !
Je te fais ces aveux dans le creux de l'oreille
Comme une voix secrète administre les songes
Ton ingénuité est un léger sommeil
Transparent et fragile, un tout petit mensonge.
Refais jouer tes boucles! J'ai le coeur ligoté
Je tuerai qui tu veux: un pauvre, un prétendant
Un baiser, un baiser! Tu vas me délivrer...
Je ferai disparaître le corps dans un champs.
Où donc as-tu appris le jeu de la chenille?
La louve et la bailleuse, joli papillon blanc?
Sur la paille, le velours ou bien sous la charmille?
Dans les bains chauds et savonneux des innocents?
Rappelle à ta mémoire tes premières armes,
Le soupir qui fait mouche, les petits coups de langue
L'exercice ambiguë qui te laissa exsangue...
ô douleur érotique, félicité des larmes !
WISH
Wish! Wish! I wish a new day
The night' s cold and blind
I wanna go the other way!
I wish! Wish! I wish a new day
The night's cold and blind
I wanna go the other way!
Put your shoes on!
Be ready for Spring!
Burn the house!
Break the scale!
Bound over the string!
You' ll see life
You' ll see disease
Dust, dryness and dusky passes.
But don't, don't, don't try to go back
Wings and feelings grow up in the dark!
Voyageur éternel
Longue, longue est la route
Voyageur éternel
À jamais dans le doute...
No car, no clock, no care!
I wish! Wish! I wish a new day
The night' s cold and blind
I wanna go the other way!